samedi 23 novembre 2024

 La dictée du Téléthon (Gouesnou, 23/11/2024)

Le Télégramme en parle : ici

Pour des raisons qui nous échappent, la photo illustrant l'article paru ce jour dans Ouest-France est une photo qui date de 2013 ! Nous en sommes désolés et avons fait part de notre étonnement à la rédaction.

Une participation record et un sans-faute

Ce sont quelque 170 fans de langue française qui ont répondu à l'invitation des organisateurs de cette 15e dictée du Téléthon ce samedi 23/11. Un encouragement à poursuivre l'action. Le thème se situait dans le prolongement des récentes commémorations de la libération de Gouesnou et de la région brestoise en août et septembre 1944. Le texte (voir ci-dessous) évoque ces jours douloureux vécus par les Gouesnousiens et les blessures qu'ils ont causées. La dictée a été suivie d'une conférence de Denis Bertin, président de l'association du patrimoine de Gouesnou. Merci à tous ceux qui ont contribué au succès de cette journée : la municipalité, représentée par Joëlle Lecompte et Jean-Pierre Combroux, les services municipaux et notamment les pôles communication et affaires sociales, le CCAS, M. Laurent Métailler, M. Denis Bertin, le Secours catholique, M. Bruno Boutrois, délégué Téléthon Nord-Finistère, pour sa présence, les Fêlés de l'orthographe, les correcteurs et tous les participants. Enfin, bravo à Roland Cuinat-Guerraz pour son sans-faute.  HLG.


La grande salle du centre Henri-Queffélec était comble


Le texte                        Le bout du chemin 

Nous l’avons tous vue, cette borne, fièrement dressée  à l’entrée du chemin vicinal1 qui, voici quatre-vingts ans, accueillit la 2e division de la IIIe2* armée fraîchement* débarquée sur les plages de Normandie. Derrière ces haies exubérantes, aujourd’hui si paisibles, mais qui étaient soudainement devenues traîtresses*, ou ces halliers touffus et, ces chênes, encore mutilés, le staccato3 des mitrailleuses, funeste concert, obscur augure4 de la fin de ce cauchemar, a résonné en cette fin d’été 1944.  Le siège de Brest avait commencé : il coûterait* la vie à quelque5  sept mille fantassins américains6 et allemands ainsi qu’à  de nombreux civils,  bien que l’ordre leur eût7 été donné de partir.

Était-ce, pour les soldats de l’Oncle Sam8, le bout du chemin ? Pour quelques centaines d’entre eux, la terre grasse de ce bout du monde serait leur linceul. D’autres, plus chanceux, combattraient la furie nazie jusqu’au cœur de l’Europe.

Que nous reste-t-il, aujourd’hui, pour nous rappeler ces jours horribles où la Camarde9*  a fauché tant de vies innocentes et si jeunes ? Le tribut10 payé par notre commune à cette folie que fut la Seconde Guerre mondiale11 a été particulièrement lourd ! Oui, Gouesnou fut, quelques jours avant sa libération12, une ville martyre. À l’instar d’Oradour-sur-Glane13, elle a connu l’infamie14 d’un massacre.

Ici sont encore visibles, sur le pignon de la vieille étable, les stigmates15 oubliés des éclats d’obus ou des balles perdues. Un châtaignier au tronc cagneux16 et troué, où hulule* la hulotte, se souvient, lui aussi, à sa manière. Une maison, broyée par une bombe, s’est métamorphosée en poulailler !  Et, dans les potagers, la bêche fouineuse a fréquemment exhumé des objets suspects.

Paragraphe pour confirmés et champions. Au pied des stèles fleuries, les dates mémorables, telles que le 8-Mai17, donnent lieu au recueillement. Les anniversaires se sont succédé18. En 1989, des vétérans américains qui se sont battus sur notre sol sont venus, ultime pèlerinage, tenter, en vain, de reconnaître* un paysage, une bâtisse, un bosquet où ils s’étaient camouflés et, in petto,  dit19 toute l’absurdité de cette guerre. Dérogeant bizarrement au protocole, ils se sont laissé20 emporter dans une ferme voisine où le champagne a coulé à flots21.

Et voilà qu’ont été érigées, sur la route qui a mené ces héros de Sainte-Mère-Église à Brest, ces bornes blanc et bleu22 d’où jaillit, de l’Océan23*  traversé par les valeureux G.I.24*, le flambeau rouge de la délivrance. Elle est joliment et justement dénommée la Voie de la liberté*.

Texte rédigé par Henri Le Guen et relu par Philippe Dessouliers 

*Variantes acceptées : 3e armée – fraichement - traitresses - couterait - camarde – ulule  – reconnaitre -océan - GI – voie de la Liberté

Test pour départager  : un evzone – un uhlan – un cipaye – les bachi-bouzouks (bachibouzouks) – les riz-pain-sel.

Le lexique

1.       vicinal : adjectif. Route étroite qui met en communication des villages.

2.       IIIe armée : les noms des divisions et subdivisions de l’armée s’écrivent presque toujours avec des minuscules et sont  précédés de chiffres arabes. « On met en chiffres romains le numéro des quatre éléments considérés comme étant les plus importants : les armées de terre, les flottes navales, les flottes aériennes et les régions militaires. » (Jean-Pierre Colignon, la Majuscule, c’est capital !). On rappellera que « ère » et « ème » sont des abréviations fautives. On doit écrire 1re, 2e

3.       le staccato des mitrailleuses : Terme de musique. En détachant nettement les notes. Jouer staccato. Sens figuré : bruit sec, haché. Le staccato de la pluie cinglait les vitres.

4.       augure : nom masculin ; présage, prédiction. Dans l’Antiquité, observation et interprétation des signes (éclairs ; vol, nourriture et chant d'oiseaux, etc.), par les augures (prêtres) Syn. (h)aruspice, devin.

5.       quelque sept mille : sens de environ. Adverbe, quelque est invariable

6.       Sept mille fantassins américains : adjectif, il s’écrit avec la minuscule. Mais les Américains.

7.       eût été donné : plus-que-parfait du subjonctif (passif). La locution conjonctive d’opposition « bien que » est toujours suivie du mode subjonctif. Comme « quoique »

8.       l’Oncle Sam : L'origine de l'oncle Sam semble remonter à la guerre de 1812. Les militaires de la base de Troy (État de New York), recevant des caisses de viande marquées « U.S. », interprétaient avec humour ces initiales en « Uncle Sam » en l'honneur de leur fournisseur Samuel Wilson. Aujourd’hui, allégorie des États-Unis. Les deux majuscules sont obligatoires (voir PR et PL).

9.       la Camarde : La Camarde est une figure allégorique de la Mort. D’où la majuscule.

10.    le tribut : ici, sens figuré. Ce que la commune a dû endurer, payer. Ne pas confondre avec l’homonyme «la tribu », groupe social et ethnique.

11.    la Seconde Guerre mondiale : Encore une règle assez curieuse : le substantif prend la majuscule (nom donné à cette guerre), et seul l’adjectif antéposé la prend également.

12.    sa libération : il s’agit ici du nom commun. Le nom donné à la période historique prend la majuscule, comme les Années folles, la Restauration, la Renaissance, la Libération…

13.    Oradour-sur-Glane : les noms composés de nos villes et villages doivent s’écrire avec des majuscules, hormis aux articles et prépositions. Les éléments sont reliés par des traits d’union : Saint-Pol-de-Léon.

14.    l’infamie : si infâme s’écrit avec l’accent, infamie n’en prend pas. Comme côte et coteau.

15.    les stigmates : blessures, cicatrices.

16.    cagneux : au sens propre, qui a les genoux tournés en dedans. Un cheval cagneux. ▫ Par extension, (Personnes) Genoux cagneux, vilains, osseux. Ici, le tronc est tortu, difforme.

17.    8-Mai : les dates d’événements dont on fait mémoire s’écrivent avec la majuscule et le trait d’union. Ex. le 11-Novembre.

18.    les anniversaires se sont succédé : ce participe passé ne s’accorde jamais (voir ci-dessous)

19.    et se sont dit l’absurdité de cette guerre : le COD est postposé. Le participe passé reste invariable.

20.    ils se sont laissé emporter : participe passé suivi d’un infinitif. Deux conditions pour qu’il s’accorde : un COD antéposé qui fait l’action exprimée par l’infinitif. La 2e condition n’est pas remplie.

21.    à flots : expression au pluriel. Mais on écrira « mettre ses comptes à flot ».

22.    Ces bornes blanc et bleu : chaque borne a les deux couleurs. Invariabilité.

23.    l’Océan : majuscule lorsque le nom est employé dans son acception poétique ou lorsqu’il désigne l’océan Atlantique.

24.    G.I. ou GI [dʒiaj] : Soldat de l'armée américaine. Des G. I. On dit aussi des G.I's.


Palmarès Dictée de l’espoir - Samedi 23 novembre 2024 Gouesnou 


Lauréat

Ville

Lycéens

1

ILY Loan

Gouesnou

Adultes amateurs

1

JÉZÉQUEL Nicole

Plouarzel

2

ULVOAS Yvonne

Bohars

3

VINCHON Claire

Brest

4

LAGADEC Anne

Brest

5

TANGUY Marie-Christine

Brest

6

FOURDAN Martine

Riec-sur-Bélon

Adultes confirmés

1

MERRIEN Marie-Renée

Hanvec

2

PELLEAU Denise

Milizac-Guipronvel

3

GUERN Suzanne

Riec-sur-Bélon

 

PÉOC’H Jean-Pierre

Plouarzel

Champions

1

CUINAT-GUERRAZ Roland

Brest (zéro faute)

2

LE GUEN Anita

Locmaria-Plouzané

Meilleur(e) Gouesnousien(ne)

1

COMBROUX Jean-Pierre

Gouesnou